Il paraît que c'est argument contre argument
ah oui? Alors, parlons franchement
vous verrez, c'est pas sorcier
parce que cette image-là, n'a souvent qu'un temps...
D'abord: "les enfants ont droit à un papa et une maman"
mettons que ce soit un "droit" et non un "besoin"; où étaient les manifestants pour ce "droit" depuis que sont autorisés:
- l'accouchement sous X,
- l'accouchement de père inconnu
- le divorce avec droit de garde exclusif d'un des deux parents
- les enfants nés hors mariage, dont seule la mère est parent légal
- l'adoption par une femme seule
où sont-ils depuis que des couples d'hommes ou des couples de femmes adoptent des enfants et vivent en France? Parce que c'est un fait, et ça ne date pas d'hier...
Ensuite: "défendons le droit à l'altérité"
(on parle ici d'altérité sexuelle/genrée, au sens féminin/masculin, et non d'altérité de sexualité; altérité=caractère de ce qui est autre)
- que dire, par ex de 4 fillettes élevées par une mère seule habitant avec sa soeur et sa propre mère? particulièrement si celle-ci est au foyer, dans une habitation à la campagne, ou les fillettes scolarisées dans une école privée pour filles...
- que dire d'un père veuf ou divorcé élevant seul son fils dans un foyer pour hommes ou en colocation avec un autre célibataire actif? etc...
Où étaient donc, jusque là, ces manifestants pour défendre ces droits supposés de l'enfant au binôme parental dans l'altérité sexuelle? Pourquoi maintenant? Ici, les manifestants reconnaissent par cet argumentaire qu'ils assument que certains parents aient de façon discriminatoire + d'obligation parentale que d'autres à ce jour, auxquels on ne demande pas de compte sur ces 2 sujets: l'altérité, et la présence d'un père ou d'une mère biologique connus.
Ces arguments peuvent se défendre en eux-mêmes pourtant, et gagnent à être discutés, dans le respect de la liberté de choix de vie des individus, et dans le respect de l'intérêt des enfants, nous avons des choix à faire ensemble, et des règles de vie commune à élaborer et à remanier sans cesse; mais pourquoi se servir de ces arguments dans le cadre de la lutte contre le mariage de personnes de même sexe/de même genre (indépendamment des formes fixes ou fluctuantes de leur sexualité)? Ces arguments méritent une manifestation en marge de cette loi spécifique, non?
Maintenant la notion de "mariage pour tous".
C'est pas comme si l'on pouvait, par le mariage de 2 personnes de sexes différents, garantir, à ceux que ça inquiète, que les parents ne soient pas homosexuels ou bi-sexuels, ne divorcent pas, n'aient pas de maîtresse ou d'amant, connu des enfants, comme si les enfants de familles recomposées sans mariage ne vivaient pas déjà la situation de vivre avec leur mère et la compagne de leur mère, ou leur père et le compagnon de leur père...! C'est déjà une réalité. Une réalité douloureuse parce qu'officieuse et n'ouvrant aucun des traitements administratifs et sociaux réservés à des formes de familles déjà validées à ce jour.
C'est pas comme si des parents homosexuels vivant en couple durable n'avaient pas déjà adoptés des enfants, ou procédé à une procréation assistée, ou artisanale... Ce n'est pas comme si la loi devançait l'évolution des moeurs, ou l'incitait!! Non, il s'agit de légiférer sur une situation de non-droit existant déjà et qui révèle de graves injustices, préjudiciables particulièrement aux enfants en l'état, notamment matériellement, mais aussi dans les cas de séparations des 2 parents homosexuels et oui, qui dit couple, dit séparation possible, avec ou sans mariage, sans compter, maladie, décès, solidarité...
Il s'agit de rétablir une égalité juridique non discriminatoire, non de se préoccuper de morale religieuse, de logique procréative, ou de tradition matrimoniale (le mariage n'est pas une "loi naturelle" et la famille nucléaire n'est pas la seule option d'éducation des enfants de par le monde)
voici les possibilités légales aujourd'hui:
rond bleu: homme
rond rose: femme
rond violet: enfant
rond bleu foncé: veuf ou père ayant garde exclusive
rond rouge: veuve ou mère ayant garde exclusive
pentagone jaune: enfant adopté
rond orange: enfant biologique de père ou de mère inconnu(e)
Pourquoi les manifestants en pleine connaissance de ces situations ne se sont pas unis pour manifester pour les "droits" si capitaux des enfants, quand il en est autant qui, selon ces critères, verraient leurs "droits" supposés tels bafoués?
Sans doute parce qu'il s'agit d'abord d'établir les réels "besoins" et non des "droits" supposés tels sur la base d'une moralisation qui pourrait n'être pas partagée par tous...
Comme si à tous les niveaux de l'état, de la santé publique et des administrations, tout cela n'était pas déjà étudié de près, sans manipulations de langage fallacieuses au profit d'intérêts communautaires divers...
La commission parlementaire à entendu les différents intervenants, tenu compte des enquêtes de société et des témoignages de 2 générations désormais d'enfants français nés et élevés dans des familles homo-parentales pour tout ou partie de leur existence, sans constater de différence fondamentale ni de comportement ni de libre choix sexuel sur les individus ayant été élevés dans ce contexte
Alors, n'est-il pas, au regard de ces constats tellement évidents, que la manifestation anti-mariage pour tous, est avant tout un problème réel de la reconnaissance officielle de l'homosexualité ... et la perte de la liberté de penser du mal des autres (sales profiteurs de chômeurs, sales vagabonds de roms qui paient pas de taxe locative, sales homosexuels déviants qui ne seront jamais des couples officiels, sales sous-français nés en territoire étrangers... etc... etc...) Tant que la liberté de faire "à la marge" n'est pas "officialisée", la tolérance -que dis-je la "tolérance"...- l'acceptation pleine et entière -!- n'est pas obligatoire, et on peut encore juger et exclure l'autre, s'en "protéger", l'éviter... N'est-ce pas là le vrai point soulevé, profondément? La peur d'une "contamination" de notre mode de vie... Alors qu'il s'agit d'encadrer une vérité sociétale, d'intégrer les paramètres de liberté/égalité/fraternité, encadrer un état de faits, ... non de le susciter!
Que chacun regarde en son coeur,
sincèrement, ce que ça remue...
Si nous donnons raison à ces manifestants d'utiliser ces excuses à leur ressenti personnel (légitime, lui), nous courons le risque de devoir revenir au nom de ces arguments:
- sur l'accouchement sous x,
- sur le divorce de parents avec garde exclusive
- sur la légalité d'avoir un enfant hors mariage homme-femme
- sur l'adoption par une femme seule
- sur la procréation assistée qui permet à un couple d'avoir un enfant qui n'est parfois génétiquement d'aucun des 2 parents qui décide de la conception, puisque l'enfant ne connaîtra jamais son père et/ou sa mère génétiques
- sur les conditions d'éducation libre de l'enfant (isolement, manque d'altérité sexuelle, etc...)
- ... à quand le placement des enfants en famille d'accueil "stable" dès un deuil, un divorce, une maladie, une peine d'emprisonnement d'un des deux parents, au nom de l'altérité supposément nécessaire au quotidien...
- et rappelons-nous les arguments contre le travail des mères qui "devaient" rester élever leurs enfants à la maison, au nom du droit des enfants?
Réduire l'argumentaire sur le mariage de 2 personnes du même sexe à celui du droit de l'enfant, n'est-ce pas jeter le bébé avec l'eau du bain?
si je peux me permettre ce fâcheux jeu de mots...
on comprend pourtant bien la nature du rejet que ça tente d'édulcorer.
Tout cela se discute, vraiment, et indépendamment de ce projet de loi,
projet spécifique avant tout du rétablissement de l'égalité des droits reconnus à chacun indépendamment de sa sexualité.
C'est donc une correction des injustices, perçues telles par la communauté homosexuelle mais pas seulement par elle. Les modifications qui doivent être apportées par ce projet de loi de société, sont liées au distingo que nous posons jusque là sur l'homosexualité, liant abusivement une pratique et une orientation sexuelle à une absence de droits démocratiquement reconnus à l'ensemble:
vie de couple officielle, reconnaissance par les administrations permettant l'application de droits égaux à l'ensemble des couples, sans discrimination sur l'orientation sexuelle: impôts, allocations, legs, crédits, etc...
ET, l'application de droits égaux à la parentalité peut légitimement être envisagée, tenant compte en cela des transformations concrètes de l'exercice de la parentalité dans notre société d'aujourd'hui:
En réalité, l'argument d'altérité tenu par les opposants à ce projet de loi ne correspond à aucune réalité tangible puisque ce point s'est évaporé avec le développement de la société vers les familles dénoyautées, càd mono-parentales et mono-enfants, ou recomposées sans remariage ni regard de l'altérité justement, ...
des changements dans le cadre de l'hétérosexualité qui, en définitive, ne permettent plus de légitimer ces arguments d'altérité, de binôme parental, de "mère indispensable", de filiation génétique prioritaire, etc...
Et le projet de loi lui aussi se discute, mais pas sur cette seule base argumentaire à la fois réductrice, et qui ouvre la boîte de Pandore sur l'évolution des moeurs sociétales et l'incidence sur l'éducation de la jeunesse, et donc la société d'aujourd'hui et de demain.
Une partie du peuple, du fait de ses conditionnements notamment religieux, même lointains et non conscients, n'aurait-elle pas simplement peur que la société évolue vers une autre forme d'humanité, + libre à divers titres, parce que + confortable, libérée de contraintes religieuses par le haut (càd dictées par une loi qui refuserait de se dispenser du diktat religieux)?
Demain, il faudra enfin comprendre, accepter, et adapter nos comportements citoyens au fait que l'Etat et les Eglises sont séparés, et que c'est à chacun de faire son chemin spirituel et de s'en imposer à soi et à soi seul, les principes qu'il juge bons.
Mais, en ces domaines de la loi, l'Etat ne s'occupe lui, que de rétablir l'équité perdue, au gré de l'évolution de la société dans ses choix libres, notamment de contraintes religieuses qu'il s'impose ou non. La société a enfin accepté et intégré l'homosexualité dans sa légitimité existentielle, ainsi que les transformations identitaires du genre, et il était temps, car il s'agit essentiellement d'orientation sexuelle; mais elle a aussi accepté les choix d'orientation de sa sexualité de façon + large, ou temporaire.
^ déc 2010
Soyons clairs, il s'agit ici de formuler le mariage civil,
qui vise à respecter les principes de liberté,
d'égalité et de fraternité.
Restons libres, soyons égaux en droits, et fraternels entre nous.
Si vous voulez manifester contre ce projet de loi, profitez donc pour faire votre introspection, vous vous le devez bien, observez les ambivalences que révèle votre colère, et la réalité des causes de vos questionnements, avant d'entrer en combat sur des arguments mal formulés, et des motivations personnelles mal cernées... Manifester pour "les autres" ou contre "les autres", nécessite avant tout, se connaître soi... ou alors, on se cache derrière un masque de posture identificatoire, une reconnaissance à un groupe, + qu'une construction de soi... permanente et renouvelée.
Les enfants ont besoin de deux parents qui s'aiment
...ce qu'aucune loi ne peut garantir jamais
il n'y a pas de "droit" à deux parents, ou de "droit" à l'altérité
juste un besoin d'amour, y compris dans les choix de délégation,
parmi tous les autres besoins.
La responsabilité de pourvoir aux besoins de l'enfant,
et de déléguer se qu'on ne peut, le cas échéant,
ne se lie à aucun genre ni aucune sexualité prédéfinis.
Nous leur devons d'être libres,
de savoir encadrer cette liberté d'être et de l'être ensemble,
d'être vrais, d'avoir le courage et la liberté des êtres vrais;
nous leur devons de transmettre cette acceptation de l'autre
dans tout ce qu'il est (altérité totale);
nous leur devons d'apprendre à accepter ce qu'on ne peut changer
(particulièrement ce qui nous constitue: physique/psychisme)
en s'y adaptant, en gardant à coeur d'être bienveillants,
et en réfléchissant ensemble les modalités de cette bienveillance.
Rappel concernant le fantasme
d'un possible recours à un référendum:
Le "référendum de révision de la constitution" n'est possible que dans les cas suivants, tout projet de loi portant sur:
• l'organisation des pouvoirs publics
• les réformes relatives à la politique économique, sociale ou environnementale, de la nation ou aux services publics qui y concourent,
• la ratification d'un traité qui, sans être contraire à la Constitution, aurait des incidences sur le fonctionnement des institutions.
Les questions de sociétés en sont spécifiquement exclues.
Le mariage ne relève pas de la "politique sociale".
Le mariage est un mode d'organisation de la conjugalité,
acté par délégation de l'Etat, il relève de la loi, non de la constitution.
Consulter le peuple reste possible, à titre consultatif,
encore faut-il que la question ne soit pas anticonsitutionnelle.
Le référendum d'initiative populaire est impossible, puisque le mariage ne relève pas de son domaine.
Le référendum législatif est juridiquement et politiquement impossible.
Quand bien même le Président en offrirait la possibilité de recours sur proposition du gouvernement, la cour constitutionnelle devrait en trancher l'anticonstitutionnalité, en regard de la nomenclature ci-dessus, mais aussi compte tenu qu'il s'agit que le peuple puisse décider qu'une partie du peuple doive continuer de subir une discrimination juridique effective.
D'anciens ministres de droite ont osé mentir à ce sujet face caméra!
C'est décidément pas glorieux. Peuple, sachez-le, on se sert de vous, si vous ne vous informez pas, et ne partagez pas la connaissance et la diffusion des faits.
voir le propos d'O. Duhamel
par mamadomi