Pour Kant, la physique commence à connaître son tournant décisif et fondateur avec Bacon de Verulam►, les causes fiables sont répudiées sous le prétexte qu'elles sont des vierges stériles. La raison ne demande plus à la nature de l'instruire "comme un écolier se laisse dire tout ce qui plaît au maître". Elle procède "comme un juge en fonction, qui contraint les témoins à répondre aux questions qu'il leur adresse". La perception elle-même est mise à nu: il est désormais impossible de la comprendre naïvement comme un rapport immédiat au monde, comme l'expérience de l'insertion du corps concret dans le sensible;  elle est elle-même construction implicite du sujet.

> Je dis que je vois des hommes,

mais je ne vois que des manteaux et des chapeaux:

l'objet de la vision n'est pas le monde immédiatement donné à sentir

mais le monde recomposé intellectuellement

à partir de données sensorielles

sans ordre.

C'est par une "inspection de l'esprit" que je vois et non par les yeux du corps.

De la nature, je ne suis pas partie prenante. Je n'en suis que par la nécessité objective de mon corps:

là est ma limitation et mon aliénation toujours possible.

Le corps, comme élément de la nature, est soumis aux mêmes déterminations que toutes les autres réalités matérielles:

le coeur est une pompe,

la circulation du sang n'est qu'un cas particulier de la loi universelle de la pression.

Ce qui donc me constitue comme sujet, la liberté et la faculté de penser, est radicalement absent de ce champ. L'affirmation du sujet dans sa singularité ne peut passer que par ce qui le distingue du monde ainsi compris: transcender le monde en la consituant en pur objet de pensée:

"Par l'espace, l'univers me comprend et m'engloutit comme un point.

Par la pensée, je le comprends".

Paradoxalement, cette disjonction entre le sujet et le monde naturel donne lieu à 2 figures opposées l'enthousiasme et le désespoir. Il y a, en effet, une exacte symétrie entre la figure du scientiste et celle du romantique:

- le 1er déploie avec fierté les conséquences de l'esprit libre dominant un monde naturel déterminé, dépourvu de sens;

- le 2nd souffre d'être un esprit libre perdu dans un monde naturel absurde. Le cri du poète est la figure inversée du credo de l'ingénieur.

Dans les 2 cas, l'homme n'est pas chez lui en ce monde. La différence toutefois est que

- le poète, conscient de l'abîme qui sépare le sujet de l'objet, l'esprit du monde naturel, n'entreprend pas de le combler. Il a la modestie que donne la lucidité.

- L'ingénieur s'installe dans le monde naturel en l'aménageant. C'est parce qu'il n'est pas chez lui qu'il va projeter sur le monde ses propres schémas pour le domestiquer: il faut obéir à la nature pour lui commander, "se rendre comme maître et possesseur de la nature".

Cette appropriation du monde naturel suppose la mise en oeuvre de l'abstraction; l'espace réduit à un continuum homogène divisible facilite les calculs de transport de l'énergie, la mesure de trajectoire des mobiles. Très curieusement, l'abstraction va se mettre à exister concrètement. La réalité concrète offerte à la perception, le milieu naturel, l'église romane ou le temple grec, par ex, n'existent pas pour la logique scientifique... Ce que le calcul abstrait considère comme n'étant pas, subsiste hors de lui et se trouve atteint dans son existence même. Le site défiguré est comme l'image de la violence de la raison, qui anéantit concrètement ce qu'elle avait seulement écarté de façon théorique.

Le corps propre lui-même est pensé comme une machine dont le fonctionnement est clair pour l'entendement. La médecine, analogue à une technique, agit sur des causes pour produire des effets. Son geste est conçu comme neutre par essence puisqu'il n'obéit qu'à de prescriptions objectives. Abstraitement séparé de la personne à qui "il appartient", le corps est pensé sur le mode économique du capital à faire fructifier, sur le mode bourgeois de la propriété privée. La relation sexuelle est séparée de ce qu'elle met effectivement en relation: 2 subjectivités dont l'acte engage + qu'un simple fonctionnement mécanique.

La préoccupation éthique n'est, dans ce contexte, concevable que comme reconstitution a posteriori du sens.

La connaissance sépare, pour des raisons méthodologiques, ce qui est lié pour le sujet empirique: le physiologiques, ce qui est lié pour le sujet empirique: le physiologique et le psychologique, le biologique et l'affectif, etc... Son objet est ainsi neutre -ni beau ni laid, ni bien ni mal.

Il appartient à la discussion rationnelle de procéder après coup à une recomposition axiologique. Il y a d'abord la "Fivete" et ensuite la question de la valeur; la synthèse suit l'analyse.

Mais ce modèle oublie que la séparation méthodologique des domaines n'est elle-même pas neutre: on fait comme si le tout était réductible à une somme, comme si la séparation de l'acte sexuel et de la génération n'était pas, en soi, un problème psychologique, social, esthétique, moral. Or, précisément, il faut une décision pour affirmer que l'abstraction correspond au réel; + encore, il faut une décision pour imposer l'abstraction dans le réel.

S'ouvre ainsi une béance entre le monde perçu et le monde conçu.

De même que la pratique est séparée, dans sa dynamique des enjeux moraux pour ne les retrouver qu'a posteriori, de même elle est séparée de la beauté, laquelle n'est adjointe que de façon adventice.

L'esprit analytique ne peut confondre le beau et l'utile ou le beau et le vrai: en conséquence, le beau n'est pas compris dans l'être même du monde, il est surajouté comme une réalité autonome. L'artiste se voit exclu du monde "sérieux" de la production et de l'action: le poète est ipso facto nécessairement "maudit". Tout au +, peut-il se racheter par la touche décorative qu'il apporte après coup à l'édifice laid parce qu'utile.

▲E.A. Poe

La statue à l'entrée de l'usine marque de façon dérisoire ce divorce entre les "niveaux de réalité".

Frédéric Laupies

Dans le gris, Kandisky

Et une vidéo en partage (glups):

De quoi s'alimenter en cauchemars pour les jours à venir:

Fukushima bien pire que Tchernobyl

► la vidéo de Helen Caldicott, 

physicienne Australienne, auteure et avocate anti-nucléaire

► le site d'informations récentes sur Fukushima

  

  proposé par mamadomi 

Certaines paroles ou images nous touchent parfois vraiment. Je me souviens des phrases d'audrey Hepburn et des photos de son visage -de sa jeunesse éclatante au rayonnement de ses années de femme mûre. Dans sa jeunesse, elle avait failli mourir de faim dans les Pays-Bas dévastés de l'après-guerre et avait été sauvée grâce à l'aide aux réfugiés des Nations unies. A la fin de sa vie, il arrivait qu'on lui demande:

"Quels sont

vos secrets de beauté?"

Elle répondait avec grâce:

"Pour avoir de beaux yeux, cherchez des personnes généreuses, poru avoir une silhouette fine, partagez votre repas avec quelqu'un qui a aimé, pour avoir de beaux cheveux, laissez un enfant y passer ses doigts".

"Les gens, encore + que les choses, ont besoin d'être rétablis, ravivés, récupérés et pardonnés, ne rejetez jamais quelqu'un".

"La beauté d'une femme n'est pas l'esthétique de son visage, mais se reflète dans son âme. Ce sont les attentions qu'elle donne avec amour, la passion qu'elle montre. La beauté d'une femme grandit avec les années."

Je sais bien que je suis loin de toujours voir la beauté de cette manière ou de ne jamais rejeter un être humain. Je pourrais choisir de laisser glisser ces phrases comme un idéal inatteignable.

Mais si je choisis de me laisser toucher par cette vision altruiste et généreuse, je sens une chaleur grandir dans ma poitrine. Quelque chose vibre en moi qui me rapproche du vrai et du juste, de ce qu'il y a de précieux dans mon être. Et j'ai envie d'être comme cette femme qui est allée + loin que moi, pour goûter à cette générosité de la vie qui nous appartient à tous. Est-ce par naïveté que je me laisse toucher de cette manière? Notre vision occidentale est tellement obsédée par nos émotions négatives que même la recherche scientifique s'est attachée avant tout à elles. Des 5 émotions dites "fondamentales"

-dégoût, peur, colère, tristesse et joie-,

il n'y en aurait qu'une seule de positive. Les émotions négatives sont utiles. La peur le dégoût ou la colère nous arrêtent net et focalisent puissamment notre attention sur ce que nous devons protéger dans l'immédiat. Pour cela, elles réduisent notre champ de conscience et nous ferment aux autres, comme si elles criaient:

"Pense à toi d'abord!"

En revanche, l'inspiration que nous ressentons

devant la grandeur d'âme de quelqu'un que nous admirons,

ou même devant l'immensité d'un paysage

ou l'harmonie d'un jardin,

induit le mouvement inverse. Elle nous arrête aussi, pour nous sortir du train-train de nos pensées habituelles. Mais, plutôt que de nous refermer, elle nous ouvre l'esprit et le coeur sur de nouvelles manières d'être et de recevoir ce que le monde a à offrir, et sur ce que nous souhaitons, nous lui apporter. Dans ces moments d'inspiration, notre cerveau, stimulé par des émotions qui nous font battre le coeur, sécrète de l'ocytocine -cette fameuse hormone qui nous relie affectivement aux autres. Nous savons désormais qu'elle abonde pendant l'allaitement, autant que pendant l'orgasme dans une relation où l'amour est au 1er plan. Elle est aussi libérée lorsque nous nous sentons touchés par l'ex de quelqu'un qui suscite notre admiration.

Sans doute cette hormone de l'amour vient-elle nous rappeler

que c'est à travers notre lien aux autres

que nous touchons à ce qu'il y a de plus beau en nous.

David Servan-Schreiber, neuropsychiatre, psycho n°304

il a fondé et dirigé un centre de médecine intégrative à l'université de Pittsburgh, aux Etats-Unis

proposé par mamadomi

Beauté, bien-être, art de vivre 

L'Inde, Temple de la Beauté     

Elégance des saris drapant les femmes indiennes, beauté clinquante de leurs parures, raffinement de l'ornement de leur chevelure... En Inde, la beauté est élevée au rang d'art, l'esthétisme est sacré, la féminité exacerbée. Sans doute le culte de la beauté trouve-t-il ses racines loin, très loin dans l'histoire de l'Inde, il y a de cela 5000 ans.

La légende raconte qu'il y a 5000 ans, les rishis - médecins astrologues - désespérés par la souffrance de l'humanité, allèrent au pied de l'Himalaya pour apprendre comment libérer le monde de la maladie. Par la méditation les sages acquirent la connaissance et créèrent la philosophie védique. C'est donc ainsi que serait né l'ayurvéda qui, bien + qu'une médecine, est une science de la vie.

Selon les principes de l'ayurvéda, la beauté intérieure de la femme, l'harmonie entre son âme et son esprit, par son rayonnement, révèle la beauté extérieure. Indissociable de la terre qui la porte, la femme réunit 5 éléments: l'eau, la terre, le feu, l'air et l'espace (l'éther). La combinaison de ces 5 éléments engendre 3 types de tempéraments appelés doshas:

◘ vata associé à la mobilité, l'activité et l'impulsivité,

◘ pitta associé à l'esprit d'innovation, la fougue et la combativité

◘ et kapha associé au calme, à la persévérance et à la stabilité.

◄La Rani, pastel sec sur

le blog de cyrianne

Pour atteindre le parfait équilibre entre ces 3 doshas, les massages, les bains et les soins du corps sont essentiel; 

◘ ainsi, les massages abyangha à base d'huiles et d'épices,

◘ et garshan, à base de miel, de lait et de gingembre, détendent le corps en souplesse, activent ses fonctions métaboliques tout en préparant le corps à recevoir les soins.

Le Bien-être, Art de vivre indien      

Dans l'art de vivre indien, s'entrelacent beauté et santé, recettes ancestrales et préceptes ayurvédiques:les soins pour le corps, les masques au kaolin et les enveloppements d'herbes médicinales sont tout à la fois des soins visant à débarrasser l'organisme des toxines et des recettes de beauté redonnant  à la peau tout son éclat.

Beauté rime avec santé mais aussi avec bien-être... Beauté du corps et bien-être de l'esprit sont indissociables: c'est pourquoi le massage tient une place de choix dans la tradition védique. Le massage ayurvédique se pratique à sec ou avec une huile végétale pure: huile d'amandes douces, huile universelle, huile de sésame pour purifier, de carthame pour chauffer l'épiderme ou de tournesol pour le rafraîchir.

Véronique Abt, artiste peintre

Les Secrets de la beauté des femmes indiennes      

La grenade utilisée pour ses vertus antioxydantes, réparatrices et tonifiantes est riche en vitamine C et B, en potassium et en magnésium. Elle est également l'un des ingrédients indispensables des recettes de beauté et de santé des femmes. Sa couleur éclatante et lumineuse trouve une place prépondérante lors des cérémonies du mariage où elle symbolise l'élégance et la fertilité.

La tradition indienne veut que les futures mariées se fassent régulièrement masser pendant les 10 jours qui précèdent leur mariage. Les massages, réputés apporter bien-être et éclat de la peau, sont prodigués avec un onguent appelé ubtan▼, composé d'herbes, de jasmin qui donne à la peau un aspect satiné et d'épices comme le cumin, la muscade et le curcuma. Pour débarrasser le corps de ses impuretés, on prépare également aux futures mariées un bain rempli d'eau parfumée aux pétales de rose - la reine des fleurs étant réputée pour son action astringente et rajeunissante- et de grenade séchée.

Carina Evano

proposé par mamadomi

Notre femme intérieure

"On ne naît pas femme, on le devient",

avait clamé Simone de Beauvoir. Grâce à elle, des millions de femmes ont pu sortir d'un gigantesque conditionnement social. Elle a réhabilité leur image dans la société.

Pas dans leur intimité.

▲allégresse monotone,

virginie blanchette, considération►

Dans cette phrase qui a tant marqué nos esprits, "femme" est synonyme d'"inférieure". Depuis, nos mentalités n'ont pas changé. Le mot "féminin" est aujourd'hui encore considéré comme un léger sarcasme. Dans la phrase "C'est bien féminin!", il y a une pointe de condescendance. Au point que de nombreuses femmes s'indignent si j'ose parler devant elles de nos côtés "féminins" ou "masculins".

"Comment, s'exclament-elles avec feu, je suis une femme même si je suis active, conquérante ou en colère!"

Ce qui les gêne? Que l'adjectif "masculin" soit synonyme de performance, rentabilité, compétition, rationalité: valeurs qu'elles trouvent gratifiantes et dont elles craindraient de se sentir alors dépossédées. Que le terme "féminin" puisse être associé à la douceur, la grâce, le lien à l'autre, les émotions, le repos et même, comble du comble (attention, je vais dire des gros mots), la passivité ou la vulnérabilité.

Valeurs dévalorisées.

Dévalorisantes.

Nous les femmes, + encore aujourd'hui que les hommes, continuons de renier notre femme intérieure.

Sous couvert de féminisme,

nous reproduisons le mépris millénaire

de la société patriarcale envers le féminin.

◄femmes, Virginie Blanchette

En voici encore un ex. Elle est un journal peu suspect d'antiféminisme. Dans un de ses numéros relativement récents (5mars 2007), une journaliste demandait à 9 femmes âgées de 26 à 38 ans, représentantes de ce que l'hebdomadaire qualifiait de "galaxie néoféministe", quelle était la pire insulte pour une femme.

"Tu es douce et attentionnée", a répondu l'une d'elles;

une autre: "Fille réussie".

Au XXIè s., être traitée de "fille" - qui + est, "réussie"! - est donc encore considéré comme une insulte. Le + beau compliment pour une femme? Leurs réponses ont été:

"Tu es virile", "Tu es une grande professionnelle"

ou: "Garçon manqué".

Comment montrer + clairement que ces femmes admirent et considèrent les seules et uniques valeurs masculines? A leurs yeux, celles-ci sont toutes-puissantes. Elles s'y sont soumises. Elles les ont assimilées, intégrées.

Cela ressemblerait presque à de l'acculturation.

Il me serait facile de contourner l'obstacle. Au lieu d'utiliser les mots "féminin" et "masculin", je pourrais employer leurs équivalents asiatiques: "yin" et "yang", universellement admis. Dès que je parle de nos côtés yin et yang, les femmes qui m'avaient décriée jusque-là poussent un soupir de soulagement. Même si "yin" est en réalité synonyme de "féminin" et "yang" de "masculin", nous pouvons continuer à esquiver le sujet. Je souhaite au contraire l'aborder de front.

souvenir d'Asie►

Simone de Beauvoir a contribué à libérer la femme dans la société, il nous reste aujourd'hui à libérer le féminin en nous. A sortir de la prison de nos conditionnements intérieurs.

Les "néo-féministes" plaident pour que les femmes prennent la parole, investissent la place publique, fassent de la politique [et ne soient pas traitées de "mégères" de "sorcières" quand elles le font avec la même force que les hommes, car justement elles nient alors leur part de féminité dans cet exercice]. Est-il nécessaire de dire que je suis à 100% d'accord avec elles? Le féminisme politique est en de bonnes mains...

à suivre...

Valérie Colin Simard

écervelées, Virginie Blanchette

proposé par mamadomi

 

Derrière toute question, il y a

une interrogation, + ardente, + centrale, + essentielle

que les réponses recherchées.

Il était une fois un petit écureuil très curieux, mais vraiment très curieux. Il voulait tout savoir. Tout, car tout l'intéressait ou peut-être l'inquiétait. Alors il ne cessait de poser plein de questions, il interrogeait sans cesse tous les écureuils qui l'entouraient.

Pourquoi les enfants écureuils n'ont-ils pas le droit de s'asseoir à l'avant de la voiture, à côté de leur maman ou de leur papa?

Pourquoi doit-on vider sa bouche quand on veut boire?

Pourquoi faut-il aller dormir le soir?

Pourquoi ne peut-on traverser la rue sans regarder?

Pourquoi il faut pas dire que le voisin il sent mauvais quand il a bu?

Pourquoi, maman, tu as quitté papa?

Je ne vous donne là qu'un tout petit échantillonnage des milliers de questions que posait le petit écureuil.

Sa maman écureuil tentait chaque fois courageusement de lui répondre. Elle essayait d'expliquer pourquoi les petits écureuils ne peuvent s'asseoir à l'avant, parce que c'est dangereux, que c'est interdit par la loi.

Que les petits écureuils ont besoin de sommeil pour pouvoir mieux grimper aux arbres le lendemain et surtout être de bonne humeur pour la journée.

Que si un petit écureuil traverse la rue sans regarder il risque d'être renversé par une auto ou une moto ou même un vélo.

En fait la vraie, la seule question qui intéressait réellement le petit écureuil était une question sur lui.

- Est-ce ma faute, est-ce à cause de moi que mon papa et ma maman se sont séparés?

Sa maman avait tenté de lui expliquer:

- Je vis seule, séparée, parce que ton père et moi on ne s'entendait plus.

Lui, le petit écureuil, croyait que si ses parents ne s'entendaient pas, c'est parce que lui criait trop fort, faisait trop de bruit en jouant. Bien sûr que ce n'était pas pour cela que son papa et sa maman avaient décidé de vivre dans deux villes différentes.

Mais, voyez-vous, le petit écureuil espérait toujours que son papa et sa maman pourraient revenir vivre ensemble. Il aurait aimé faire quelque chose, ne pas crier, ne pas faire trop de bruit, être sage, afin qu'ils se réconcilient et surtout qu'ils puissent "s'entendre". Alors il faisait le moins de bruit possible!

Car il aimait autant son papa que sa maman.

Un jour il avait demandé à sa mère:

- Pourquoi tu ne me fais pas un petit frère ou une petite soeur écureuil?

La maman avait dit en soupirant très fort:

- Je n'ai pas encore trouvé un papa avec qui le faire.

Et le petit écureuil avait tout de suite répondu:

- Pas de problème, tu n'as qu'à prendre mon papa, je vais lui demander de t'en faire un!

Il posait plein de questions, ce petit écureuil, mais dans sa tête, dans son coeur, il avait aussi, comme vous le devinez, une foultitude de réponses qui se bousculaient, se contredisaient et le rendaient malheureux.

Ce petit écureuil avait autant d'interrogations que d'explications bien à lui, qu'il était tout prêt à proposer.

Certains jours ses interogations débordaient. Ces jours-là, malgré la décision qu'il avait prise à l'intérieur de lui de ne pas faire de bruit, il courait partout, grimpait sur tout, cassait tout plein de branches. Il avait une énergie terrible pour échapper à toutes les questions qui tournaient et s'agitaient dans sa tête.

Je ne sais pas si un jour il trouvera des réponses. Peut-être que + tard il deviendra un savant ou un grand inventeur, pour apporter des solutions à tous les enfants écureuils qui voudraient que leurs parents continuent de s'aimer, sans se séparer. Car chez les écureuils, contrairement aux humains, les savants et les inventeurs sont ceux qui justement apportent des réponses aux questions et aux problèmes de la vie les + difficiles.

En attendant, le petit écureuil continue à poser des questions et veut comprendre le monde qui l'entoure. Le soir dans son petit lit, il se demande:

"Pourquoi les petits écureuils ne sont-ils pas tout de suite grands quand ils sortent du ventre de leur maman?

Comme ça ils pourraient empêcher leurs parents de se séparer!

J. Salomé

chez witney vous trouverez un autre txte de J. Salomé 

proposé par mamadomi