Fierté antique

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Le Gai Savoir

Livre premier § 18

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Fierté antique
L'antique coloris de la distinction nous manque, parce que l'esclave antique manque à notre sentiment.
Un Grec d'origine noble trouvait

entre sa supériorité et cette ultime bassesse

de si énormes échelons intermédiaires et un tel éloignement, qu'il pouvait à peine apercevoir distinctement l'esclave:

Platon lui-même ne l'a pas vu entièrement.

Il en est autrement de nous, habitués, comme nous le sommes, à la doctrine de l'égalité entre les hommes, si ce n'est à l'égalité elle-même. Un être qui n'aurait pas la libre disposition de soi et qui manquerait de loisirs, - à nos yeux, ce ne serait là nullement quelque chose de méprisable; car ce genre de servilité adhère encore trop à chacun de nous,
selon les conditions de notre ordre et de notre activité sociale,

qui sont foncièrement différentes de celles des Anciens.

Le philosophe grec traversait la vie avec le sentiment intime qu'il y avait beaucoup + d'esclaves qu'on se le figurait

- càd que chacun était esclave pour peu qu'il ne fût point philosophe;

son orgueil débordait lorsqu'il considérait que,
même les plus puissants de la terre,

se trouvaient parmi ses esclaves.

Cette fierté, elle aussi, est devenue, pour nous, étrangère et impossible; pas même en symbole le mot "esclave" ne possède pour nous toute son intensité.

Friedrich Nietzsche

proposé par mamadomi

rééd° du 06 11 09

Comments

[mamalilou]

-->> surtout si l'on considère que nous sommes Un!! :o))
doux bisous

[cecyle]

Voilà qui est très intéressant!
De ce point de vue, l'esclavagisme devient affaire personnel, et on n'est jamais plus esclave de qui que ce soit que de soi-même, du moins c'est mon avis!
Bon lundi m'dame bisous

[Valentine :0056:]

Comment ça ? On le sait bien, ce que veut dire "être esclave", même si heureusement on l'est moins aujourd'hui qu'autrefois. Mais encore faut-il remarquer que dans les grandes familles, en Grèce,
les esclaves pouvaient être très bien traités.

[mamalilou]

"bien traités"... est-ce là tout ce à quoi les âmes aspirent?...

[mamiekeke :0026:]

Finalement n' est esclave que le sot .... enfin c' est ce que j' en déduit après mure réflexion ha ha ha , toujours aussi nunuche la mamiekéké , mais bon il est bien vrai que l' on est toujours l'
esclave de quelqu' un ou de quelque chose cela fait partie de notre vie à tous mais parfois certains l' oublient et se sentent investi de la grande puissance divine .... mal leur en coûte un jour
quand ils se rendront compte qu' ils n' étaient que les esclaves de leur prétentions ...

Merci de ton gentil mot chez moi mamalilou et gros bisous depuis Marseille qui faut ensoleillé pratiquement toute la journée .

Renée (mamiekéké).

[mamalilou]

pas mal vu...


- la sottise est-elle plutôt d'être docile ET aveugle ou d'avoir l'illusion de pouvoir n'être pas esclave...


- on peut être esclave de ses prétentions, certes, ce qui reste en tout état de cause plus épanouissant que d'être esclave des prétentions d'un tiers...


- être esclave de se penser chair et mental, être esclave de se sentir "divinement investi"... après tout...


 


merci à toi pour ces ouvertures, fort intéressantes...


doux bisous à toi à la douceur du temps marseillais, ici c'est vent et froidure, pluie glaçante... paraît que ça garde jeune... lol!!! ... esclaves de la météo à présent :o))

[gilbertilo]

Doctrine de l'égalité ,j'aurais préféré conscience collective.Décréter l'égalité comme base de vie commune est surement un progrès du point de vue de la justice,mais qu'en est-il de la
réalité.Evidemment il ne viendrait pas à l'esprit du politiquement correct de déconsidérer tel ou tel individu pour diverses raisons,mais qui au fond de lui n'a jamais fait la distinction.La pensée
est souvent belle et généreuse,la loi est unique ,qu'en est-il de l'interprétation?De la reconnaissance du citoyen ,liberté égalité ,fraternité,(bravo de se distinguer de l'animal),mais quand on à
dit çà ,libre champ à toutes les contradictions ,à tous les renoncements puisque la constitution seule est garante mais lue et connue seulement par une élite.

[mamalilou]

- égalité de traitement, égalité de considération dans le constat des différences... c'est dirons-nous l'équité...


- faire la distinction n'est pas toujours manque de respect, s'adapter aux différences n'est pas toujours gage de bienveillance non plus...


- la pensée si belle et généreuse soit-elle ne vaut rien si elle n'est mue par un désir profondément bienveillant...


la loi unique a-t-elle vocation d'immuabilité? dans quelle mesure? doit-elle subir des adaptations et jusqu'à quel point? interprêter la loi? obéir au sens plus qu'à la forme?


et sans loi, interprêter comment? comment constater accepter et équilibrer si aucun support commun, aucun socle commun de conventions tenues pour constructives ne vient permettre un accord sur
l'harmonisation avant pendant ou après tout constat?


- le champ est libre à toutes les contradictions, à tous les renoncements même hors la loi connue, lue, comprise, acceptée, défendue, par un petit nombre


- ce petit nombre est-il une élite? est-il volontaire dans cette démarche de confrontation ou de compréhension de la loi, de son sens, de sa forme, de sa nécessité?


 


oui tu soulèves des questions intéressantes, qu'ici je me permets de formuler sous un autre angle...


ce sont des questions préalables à l'écriture de ce texte


les soulever est un bon éclairage...