Né en 1940 en pays Dogon (Mali). Surtout connu comme pamphlétaire et romancier francophone, engagé très tôt dans la lutte contre le colonialisme, ardent défenseur des cultures africaines, il est aussi poète, un poète anti-romantique soucieux de témoigner avec ironie des réalités africaines de son époque. Il a obtenu le Prix Renaudot en 1968 pour son roman Le devoir de violence.
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A mon mari
Tu t'appelais Bimbircokak et tout était bien ainsi
Mais tu devins Victor-Emile-Louis-Henri-Joseph
Et tu achetas un service du table
J'étais ta femme
Tu m'appelas ton épouse
Nous mangions ensemble
Tu nous séparas autour d'une table
Calebasse et louche
Gourde et couscous
Disparurent du menu oral
Que me dictait ton commandement paterne
Nous sommes modernes précisais-tu
Chaud chaud chaud est le soleil
A la demande des tropiques
Mais ta cravate ne quitte
Point ton cou menacé d'étranglement...
Nous mangeons des raisins du lait pasteurisé du pain d'épices
D'importation
Et mangeons peu
Ce n'est pas ta faute
Tu t'appelais Bimbircokak
Et tout était bien ainsi
Tu es devenu Victor-Emile-Louis-Henri-Joseph
Ce qui autant qu'il m'en souvienne
Ne rappelle point ta parenté avec Roqueffelère
(Excuse mon ignorance je ne m'y connais pas en finances et en Fétiches)
Mais vois-tu Bimbircokak
Par ta faute
De sous -développée je suis devenue sous-alimentée.
proposé par mamadomi