illustré par Karin Taylor
"Je suis sûr que je vais être rejeté. Non, je n'ai jamais essayé, mais j'en suis certain. Ce n'est pas pour moi." Il nous arrive de prononcer ce genre de phrase? Quand la peur prend le dessus, la raison ne peut plus rien. Pourtant l'expérience ne vous a pas toujours enseigné l'échec! L'idée de cette inéluctable faillite est une pure fiction, vous n'avez pas de preuve, mais y croyez tout de même...
Impossible de sortir en boîte, de se mesurer aux autres au tennis ou au handball, impossible d'inviter le beau gars (ou la jolie fille) à boire un café, impossible de quitter un emploi insatisfaisant, impossible d'oser accomplir presque tout ce qui vous ferait plaisir, presque tout ce dont vous pourriez avoir envie. Manquer de confiance en soi limite les ambitions, les désirs, les contacts, les relations, la carrière, l'amour...
Le cercle vicieux des croyances
"Je l'admire tellement, je voudrais bien être son ami, mais ce n'est même pas la peine d'y penser, il ne s'intéressera pas à moi, il a déjà tant de gens autour de lui. Je ne lui apporterais rien..."
"Je n'y arriverai jamais, je ne suis pas à la hauteur, je n'ai pas les diplômes", arguera-t-on pour refuser le poste de responsable de service qui est proposé.
Par manque de confiance en soi, on se limite. Dans un cas comme dans l'autre, c'est ne pas mettre ses convictions à l'épreuve de la réalité. Comme si l'on avait absolument besoin de conserver ses croyances. Pourquoi ne pas tenter sa chance? Celui qui manque de confiance en lui a peur de ne pas réussir, mais aussi de réussir, ce qui remettrait en cause ses croyances, des croyances auxquelles il tient... Elles lui ont permis de survivre jusque là sans trop souffrir.
"Il ne peut pas m'aimer, ce n'est pas possible, il se fiche de moi" Préférer quitter l'autre avant que ce dernier ne vous quitte!! Non pas que l'amant ait émis quelque doute que ce soit par rapport à la relation, mais cette séparation lui paraît inéluctable, évidente, tombant sous le sens, tant elle le trouve "vraiment trop bien pour elle!".
Sa conviction est forte. Malgré ses dénégations à lui, et celles de ses copines, elle reste convaincue qu'il ne peut l'aimer "pour de vrai". Elle s'imagine q'il a une intention perverse en sortant avec elle. Elle croît "voir dans son jeu". Elle est tellement certaine de ce qu'elle avance qu'elle juge inutile de le soumettre à l'épreuve de la réalité. Elle fait une confiance aveugle à ses certitudes, et elle dit ne pas avoir confiance en elle! En fait, elle a bien + peur de vivre l'aventure de l'amour et de la relation que de rompre.
Dans la solitude au moins, elle maîtrise!
La certitude de ne pas pouvoir être aimée est douloureuse, mais c'est une douleur connue, identifiable, certaine, donc préférable à ses yeux. Elle préfère continuer de saboter ses relations amoureuses en invoquant un manque de confiance en elle, plutôt que de regarder la source de ses croyances négatives sur elle-même. Il est parfois + facile, bien que tellement douloureux, de considérer que "personne ne peut m'aimer", plutôt que d'oser aller à la recherche de l'origine de ses croyances, au risque de faire remonter à la surface des émotions douloureuses enfouies, au risque de découvrir qu'une seule personne n'a pas su l'aimer, une seule, mais tellement importante: par ex, le cas échéant, sa maman [ou ses deux parents quand il y en a deux]! Sa mère ne supportait pas l'intimité. La tendresse, les caresses et même l'écoute lui étiaent étrangères. Elle s'est peu préoccupée de ce que sa fille pouvait vivre et ressentir. Elle a subi cette carence. Pour se l'expliquer, elle en a déduit qu'elle n'était pas aimable, plutôt que d'oser penser que sa maman ne l'aimait pas. La mère lui a laissé croire que personne ne pouvait l'aimer plutôt que de lui avouer ses difficultés personnelles liées à l'intimité.
Nous projetons volontiers sur les gens que nous croisons aujourd'hui les émotions de notre enfance et-ou les réactions de nos parents à notre égard.
Le manque de confiance en soi apporte de nombreux bénéfices inconscients: il justifie la passivité, permet la confirmation des croyances négatives sur soi et les autres, nous empêche de sentir nos vraies souffrances et, enfin, "protège" les parents de toute remise en cause de leur attitude éducative.
I. Filliozat
proposé par mamadomi