Patrice Murciano
L'attachement d'un être à un autre est vital, et c'est loin d'être une métaphore. Il suffit de voir la situation des orphelins en Roumanie, qu'on peut d'ailleurs rencontrer aussi bien en Colombie, en France, en Russie, au Bengladesh, en Algérie, dans tous les lieux où nous avons pu travailler et où les enfants sont privés d'affection. Un enfant dépourvu de tout contact avec autrui, de toute altérité et de tout affect, a tendance à se tourner vers les seuls objets extérieurs à lui-même: ses mains, d'où ses balancements autocentrés et son comportement pseudo-autistique.
Michal Lukasiewicz
On constate en effet que les enfants, tout de suite après leur naissance, sont soumis au phénomène de l'"empreinte", qui est une forme se gravant dans la mémoire de l'être vivant, animal ou humain, en voie de développement, et qui fait que son monde se catégorise à partir du moment où il est imprégné par les objets extérieurs. Admettons par ex que je sois un petit canard. Moi, caneton dans ma cage, je vais être imprégné par cette bouteille d'Evian qu'on y a placée et que je vois. Mon monde de caneton va s'organiser autour d'elle, je vais avoir un repère familier, dont je connais l'odeur, la forme et la couleur. C'est mon monde de caneton autour duquel je vais manifester des comportements exploratoires qui vont me permettre d'apprendre tout ce qui est nécessaire pour être un caneton statistiquement heureux.
Si, expérimentalement, on enlève l'objet d'empreinte tracé biologiquement dans la mémoire du caneton, il suffit d'une 2nde pour que le monde lui devienne inconnu. On observe alors immédiatement des réactions comportementales de panique anxieuse. Ce n'est certes pas l'angoisse de la mort, mais c'est un monde qui change de forme, où toutes les perceptions sont connotées d'angoisse. Le caneton se met à courir en tous sens et cet affolement va le mener à ce qu'on pourrait appeler un "accident prédictible". Effectivement il se cogne contre la grille et se casse une patte. Il suffit ensuite de remettre l'objet d'empreinte dans son monde.
Or, pour les êtres humains, le 1er objet d'empreinte c'est la mère. Il n'est à la naissance qu'un objet sensoriel partiel.
- Nous avons dit que l'enfant in utero ressentait les basses fréquences de la voix, maintenant nous savons qu'il reconnait aussi le goût du liquide amniotique.
- Ce qu'il perçoit de la mère au tout début est une brillance des yeux à 30cm en mouvement;
- quelques semaines + tard, c'est la barre des sourcils, la forme du nez;
- à 8 semaines, c'est le visage, différent de tous les autres, auprès duquel apparaît un autre visage familier, imprégné, tranquillisant et sécurisant, celui du père.
La relation entre la mère et l'enfant peut emprunter plusieurs voies. Chez le foetus, le goût et l'odeur sont confondus: on a observé par ex que les enfants dont les mères avaient mangé de l'aïoli pendant la grossesse tétaient un doigt frotté d'ail en souriant, tandis que les autres faisaient la grimace! Ce que la mère mange "parfume" le liquide amniotique, et c'est là un 1er échange.
Michal Lukasiewicz
Au plan psychologique, j'ai pu voir encore que les bébés de mères stressées avaient un coeur + rapide -le fameux profil Zidane. Il y a à cela une explication neurobiologique. Les molécules du stress de la mère passent en effet très vite le filtre placentaire, et se communiquent à l'enfant. Les relations établies avec la mère sont donc d'ordre chimique, comportemental et affectif. Après quelques semaines de gestation, le lien existe: l'enfant n'est plus dans sa mère, il est avec sa mère.
Mais les psychanalystes ont souvent trop mis l'accent sur la relation mère-enfant en laissant dans l'ombre les pères, même s'ils ont reconnu leur fonction symbolique et leur rôle dans l'apparition de la parole. Nos observations éthologiques permettent cependant de défendre l'idée que les pères apparaissent bien avant la parole, et trouvent tout de suite leur place dès les 1ères semaines de la vie, certes avec un peu de retard sur la mère, dans le triangle familial où le bébé aura à se développer.
Igor Morski
Une bulle sensorielle qui prépare au langage
Ce triangle constitue une bulle sensorielle qui entoure le bébé et qui lui fournit des tuteurs de développement, sans lesquels le monde est pour lui vide. Si la mère souffre, l'enfant souffre de sa souffrance.
Il faut savoir que la manière de vivre d'un être est radicalement différente
dès l'instant où l'on vit un attachement,
dès l'instant où l'on a besoin d'un autre pour devenir soi-même.
Les bénéfices adaptatifs de cette dépendance sont immenses: tenter de découvrir ce qu'est le monde d'autrui est une excellente préparation aux signes et au langage. L'enfant, lié à son père et à sa mère par une dépendance affective très agréable et qui permet la poursuite du développement de ses promesses génétiques, va absolument vouloir comprendre ce qui se passe dans leur monde mental, sans se contenter de constater un sourire ou un froncement de sourcils. Donc dès les 1ers mois, à 6 ou 8 mois, alors qu'il est encore loin de parler, l'enfant essaie de se représenter les pensées de sa mère.
B. Cyrulnik
oui, c'est la journée de la gentillesse
en plus de diwali
sauf pour quelques rebelles manifestes
à la bisounourserie.
pour eux, dans le respect de leur choix
et en attendant le
proposé par mamadomi