La première fois que j'ai essayé, volontairement, de considérer le point de vue adverse, j'ai fait une découverte formidable: d'abord cette stratégie ne me coûtait rien, ensuite elle me rapprochait de la personne avec qui je discutais.
Supposons qu'un ami vous dise:
- C'est la gauche (ou la droite) qui est responsable de la crise!
Plutôt que de défendre aussitôt votre credo (quel qu'il soit), essayez d'apprendre quelque élément inédit. Dites à votre ami:
Contrairement à ce qu'on croit généralement, une telle attitude ne nous fera pas passer pour une chiffe molle. Il n'est pas question là de courber l'échine ou de ne plus s'enthousiasmer pour ses idéaux. Simplement, faire l'effort de se mettre dans les chaussures de l'interlocuteur. Chercher d'abord à comprendre. Il faut une énergie colossale pour soutenir mordicus sa position, comme ces tireurs à la corde qui s'arc-boutent pour ne pas céder un pouce de terrain. au contraire, il n'en coûte rien de laisser son vis-à-vis avoir raison: c'est même plutôt dynamisant!
Si vous mettez cette stratégie en application, vous en tirerez plusieurs avantages.
Tout d'abord, vous glanerez souvent des informations que vous ignoriez, vous élargirez votre horizon. Deuxièmement, votre interlocuteur, se sentant écouté, vous appréciera et vous respectera bien plus que si vous lui sautez à la gorge. Votre agressivité ne peut que le crisper. Presque toujours, si vous vous montrez plus conciliant, plus pondéré, il adoptera la même attitude que vous. Le changement ne se fera peut-être pas dans la minute, ni du jour au lendemain, mais en temps voulu, il se produira. En vous donnant la peine de comprendre d'abord, vous envoyez un signal fort: votre respect pour votre interlocuteur passe avant le besoin d'avoir raison. Sans vous en rendre compte, vous pratiquez une forme d'amour désintéressé.
Je ne peux pas vous assurer qu'en retour, cet interlocuteur vous prêtera une oreille attentive. Mais je peux cependant vous garantir une chose: si vous n'écoutez pas, il ne le fera pas non plus! En effectuant le premier pas, vous mettez fin au dialogue de sourds... en espérant que la surdité ne récidive pas... bien sûr...
Et puis si vous rencontrez un(e) spécialiste du fait accompli, là il faut déployer de sacrés talents d'argumentateur a posteriori pour permettre une collaboration consentie "la prochaine fois"... et ce, même si les "prochaines fois" se répètent...