Répète-t-on la manière d'aimer?
Arrive-t-il qu'on ne puisse pas se séparer de quelqu'un avec qui on ne peut pas vivre?
Peut-on se soigner mutuellement?
Etre traumatisé par l'amour?
Ou manifester une évolution résiliente?
Dans la plupart des cas, l'amour provoque une amélioration des styles affectifs. Beaucoup d'attachements ambivalents ou évitants améliorent leur score de sérénité et évoluent vers un attachement sécure. Bien sûr, l'histoire n'est pas toujours idyllique. Il arrive que Mme Personemaime rencontre M. Moidabor. Elle sera tellement éberluée par l'amour de son compagnon qu'elle fera ce qu'il veut pour le garder un peu. M. Moidabor proposera à Mme Personemaime un contrat "Moi d'abord" qu'elle signera des deux mains. Et tout le monde sera émerveillé par ce couple stable, cet homme viril et cette femme si douce.
En suivant une petite population d'adolescents en difficulté affective on a essayé d'évaluer leurs styles d'attachement avec leurs parents, puis après leur premier amour. Dans l'ensemble, ces jeunes gens qui avaient connu une ontogenèse affective difficile se sont améliorés lors du premier amour. Malgré la difficulté, ils ont appris à aimer avec plus de bonheur et de légèreté. Leurs indices d'attachement sécure ont nettement augmenté. Ils ont découvert le plaisir de bavarder, de se faire confiance, d'accepter l'influence de l'aimé, de faire des projets, de se raconter leur passé et d'inventer quelques rituels de couple qui tissent l'intimité.
Boris Cyrulnik