La bourse, l'investissement
Aujourd'hui, quand une entreprise a besoin d'argent, elle ne peut pas l'obtenir auprès des Etats. C'est donc vers les banques privées qu'elle se tourne (d'où un endettement inadmissible lié aux intérêts) ou bien vers l'investissement privé (d'où la mainmise de l'actionnariat sur l'entreprise) ou vers la bourse (avec la perte systématique d’autodécision, les actions qui jouent au yo-yo et le risque O.P.A., entre autres).
Imaginons que le corps de monsieur Lefèbvre joue son foie, son pancréas et sa vessie à la bourse. Ceci dans le but de recevoir un peu plus de sang pour le développement de ces organes.
À l'heure H, le foie de Monsieur Lefèbvre a une valeur X, c'est-à-dire que son foie doit recevoir X globules-sang pour assurer son service. Très bien. Dix minutes plus tard, ou bien trois jours après, suivant le jeu des boursicoteurs, cette valeur X est divisée par cinq… ou multipliée par deux… puis à nouveau, arrive une chute vertigineuse des actions, car un boursicoteur richissime des pays de l’Est a décidé une OPA… Bref… le foie va recevoir de minute en minute un apport pouvant aller de un à dix… Il risque fort ne pas tenir le choc bien longtemps, gonflant et dégonflant comme une éponge… et comme il n'est pas le seul organe à subir le même régime… imaginons dans quel état le corps de notre pauvre monsieur va être!
C'est exactement ce qui se passe pour nos entreprises quand elles doivent coter en bourse. Elles le font pour avoir un apport de globules-sang d'investissement, nécessaire à leur développement. Le problème est que du fait des spéculateurs, leurs actions-globules se dévaluent ou se surévaluent pour un oui ou pour un non. Comment certaines entreprises ne pourraient-elles pas rester ainsi sur le carreau? Pour peu qu'elles aient triché sur les chiffres, comme dans le cas d'Enron, par exemple, ou que la bulle spéculative éclate, ou qu'un mouvement boursier décide de plumer un continent, comme dans la crise asiatique… et c'est la catastrophe. Les entreprises, brutalement exsangues, parce que leurs actions ne valent plus rien, s'écroulent, entraînant le désastre pour leurs milliers de cellules-employés.
On nous raconte que seul le marché est capable de déterminer le prix des marchandises dans une espèce d’autorégulation qui serait naturelle et qu’il faut donc le laisser faire jusqu’à une stabilisation. Mais la réalité nous montre au contraire une bourse hystérique, totalement irrationnelle, guidée par la spéculation et surtout par la recherche d’un profit particulier. En fait le marché ne régule rien du tout mais parvient dans sa démence à imposer au monde ses crises de folie : ce n’est plus l’Homme qui gouverne l’économie, mais l’économie qui gouverne le monde. Ceci est totalement inadmissible.
Pour être maître de son destin, seul l’Homme doit dicter sa loi au marché, non l’inverse.
Le problème est exactement le même quand il s'agit de monnaie étatique… Que l'argent-sang d'une nation, d’un sous-continent entier, puisse du jour au lendemain ne plus rien valoir suite à un crash boursier dû à un vent de panique ou à une action concertée et c'est le chômage, la misère, voire le suicide pour des millions de cellules-citoyens. Faisant fi de toute démocratie, la démence boursière prend des millions de citoyens non consentants en otage: c'est absolument, mais absolument totalitaire et anti-bioéconomique…
La bourse est devenu une institution démente, hystérique et perverse, entraînant la planète entière dans une logique de mort. Il est urgent de la supprimer.
Ceci, a priori, semble impossible: on imagine déjà l’affolement absolu s’emparer de tous les économistes et des gouvernants, s’imaginant des faillites en cascades, des crashs continentaux, des paniques. La pieuvre boursière semble une machine qu’il est devenu impossible d’arrêter, parce que c’est un organisme qui s’auto-entretient à la vitesse des connections internet. De plus comme elle existait avant notre naissance, nous lui accordons inconsciemment une existence aussi inaltérable que celles des montagnes ou des mers, parce que nous y sommes psychologiquement habitués…
Pourtant, en réalité, elle peut parfaitement être supprimée: pour cela, rien de plus simple! Il suffit de figer son temps… Par exemple, après un accord secret entre les gouvernements des pays qui abritent des places spéculatives, un jour, entre 24 h 00 et 1 h, 00 mn et 01 seconde du matin, au moment où de nombreuses places boursières sont fermées, on coupe l’électricité, on stoppe les transactions. Point. Celles-ci resteront en l’état. Tout simplement… On ne rétablit pas le courant: cette milliseconde s’allonge pour quelques minutes, puis quelques heures, quelques jours, quelques mois: le monde ne s’écroule pas dans un trou noir, la Terre n’arrête pas sa course dans l’espace, le ciel n’en sera pas plus sombre… et simplement on part sur cette nouvelle base. Quelques boursicoteurs y perdront sans doute? Et bien, pourquoi avoir joué à la loterie sur le dos des travailleurs et des Etats? Les entreprises auront besoin d’investissements? Et bien que les états évaluent leur valeur véritable, leur intérêt sociétal et leur prêtent cet argent!
L'actionnariat, l'investissement
Revoyons notre homme. Celui-ci s'apprête à faire une course en montagne. Il va donc avoir besoin d'un apport supplémentaire de sang dans les muscles de ses jambes, pour recevoir entre autres, une dose d’oxygène supplémentaire et quelques sucres pour nourrir les faisceaux musculaires. Les globules sanguins vont lui être utiles aussi pour évacuer le gaz carbonique et les déchets métabolique dus à l’effort. Pour cela il fait appel au cœur, qui va accélérer son débit pour lui permettre de recevoir l’afflux nécessaire. Ce sang est déjà préexistant dans l'organisme, il ne vient pas de l'extérieur: notre homme ne reçoit pas de transfusion avant sa randonnée. Le corps ne peut mettre à la disposition de l'organe que ce qu'il a en stock, que ce que sa moelle osseuse a été capable de fabriquer, tout comme la société fabrique l'argent qui correspond au travail de la nation. Le sang, pour donner un surplus d'énergie aux jambes ne vient pas de l'extérieur, juste en claquant des doigts: il est déjà à l'intérieur du corps, en réserve. Une fois la course achevée, le sang va se retirer des muscles, se répartir à nouveau dans l'organisme et être en partie stocké pour de futurs besoins ponctuels.
Par comparaison, une entreprise a besoin d'un apport d'argent-sang frais. Elle doit pouvoir trouver cet argent facilement, et rendre cet argent quand elle n'en a plus besoin. L'argent a déjà été créé par la Banque Centrale (l'Institut d'Emission de la Monnaie) qui puise dans sa réserve (équivalent de la rate) puis le met en circulation. Le corps social, sur l'ensemble de l'argent qu'il fabrique, garde donc une partie de l'argent (la Réserve de l’Investissement) pour des prêts sans intérêts à disposition des entreprises et des particuliers.
Pour résumer: si l'on regarde le fonctionnement organique, on voit qu'un organe ou un groupe de muscles, peut avoir un besoin ponctuel de plus de sang pour un travail biologique particulier. De même une cellule-individu, une entreprise, une communauté locale peut avoir besoin d'argent pour développer un projet.
Quand le groupe musculaire ou l'organe rend le sang qu'il a reçu en plus, il ne le fait pas au détriment de ses propres cellules: il rend le surplus. De même:
Le remboursement de l'argent d'investissement ne peut se faire au détriment de la cellule-individu, de l'entreprise ou de la communauté locale. Il ne peut donc y avoir remboursement que sur la somme prêtée et sur les REELS BENEFICES SECONDAIRES* s'ils existent.
En aucun cas une entreprise ayant emprunté ne peut payer moins ses travailleurs, diminuer des acquis sociaux ou détruire les conditions de travail pour des actionnaires.
A l'identique un individu ne peut rembourser que l'argent prêté (un prêt pour un logement par exemple) sauf si cet argent à permis un bénéfice secondaire (dans le cas d'un prêt pour monter une entreprise individuelle)
Les prêteurs n'ont droit d'intervenir dans les prises de décision de l'entreprise s'il ne sont que financiers. Ils ne peuvent intervenir dans les décisions de l'entreprise que dans la mesure où ils appartiennent eux-mêmes au personnel de l'entreprise.
Le prêt de mécénat privé peut se justifier par la biologie: un groupe musculaire, pour un effort ponctuel particulier, peut recevoir un apport de sang venant non des organes hématopoïétiques, mais des organes proches. Ce sang qu'il a emprunté sans excès est rendu en intégralité, sans intérêts, une fois l'effort achevé. Mais ceci ne peut avoir qu'un caractère exceptionnel et non être la règle comme c'est le cas dans le capitalisme d'aujourd'hui.
Il peut donc y avoir deux types de prêt d'investissement:
Un prêt normal fait auprès de l'état (qui va puiser dans sa réserve de prêts comme un corps vivant puise dans sa rate).
L'Etat fabrique la monnaie nécessaire aux fonctionnement social global, à son fonctionnement immédiat et aux prêts qu'il doit mettre à la disposition des ménages et des entreprises.
Cet argent est prêté dans la limite de la réserve que possède l'Etat, et donc dans la limite des capacités de remboursement de la nation. Il est garanti par la collectivité.
Le stock de l'argent des prêts est autorenouvelable: 10 euros prêtés seront rendus, puis prêtés à nouveau… rendus et re-prêtés…
L'entreprise qui a besoin d'argent pour ses investissements s'adresse à l'Etat. Cet argent est prêté sans intérêts dans la limite des capacités de remboursement de l'entreprise.
La condition de l'obtention des prêts est l'utilité sociétale ou, au minimum, la non nocivité sociétale.
Ou un prêt de mécénat fourni par des particuliers, des entreprises ou des banques privées.
Ce prêt doit être également sans intérêts. Seuls peuvent être perçu une part des réels bénéfices secondaires* s'il y en a, par contrat fixé à l'avance, pour service rendu.
*Les bénéfices primaires sont les bénéfices nécessaires au bon fonctionnement de l'entreprise (paiement des salaires et des matières, amélioration des locaux, investissement basiques, etc...). Ce sont les bénéfices indispensables: si l'entreprise ne les réalise pas la vie de l'entreprise se met en jeu.
rééd° du 22 03 09