J'ai trouvé cette phrase tellement puissante, tellement vraie, qu'elle a guidé une grande partie de mon parcours. J'ai voulu savoir et comprendre ce qu'il y avait dessous le discours économique. Et ce que j'ai découvert m'a véritablement horrifiée.
Oui, réellement, "on" nous raconte n'importe quoi.
Intentionnellement, "on" nous brouille les cartes à plaisir pour que, devant une science aussi incompréhensible, le citoyen lambda ne puisse pas avoir son mot à dire, et subisse la situation comme un mouton.
Fondamentalement, "on" nous fait prendre des choses simples pour des choses complexes, des choses anormales et amorales, comme l'intérêt, pour des choses normales et évidentes.
"On" nous fait croire certaines choses inévitables, logiques, alors que d'autres voies sont possibles.
... ainsi la "pompe à fric" peut-elle continuer de travailler, sans relâche, tandis que des milliards de personnes vivent dans la pauvreté la + sordide, juste pour alimenter son appétit insatiable.
Acteurs de ce système, nous sommes le plus souvent complices par ignorance. Quand on regarde la société, elle nous paraît d'une telle complexité, qu'il semble logique que l'économie soit difficile. Pour le citoyen conditionné par les discours politiques, il est naturel qu'il se sente incapable de comprendre et impuissant.
Et pourtant… c'est finalement très simple.
Il suffit d'allumer la lumière,
et d’observer la situation sous cet éclairage différent.
Cette lumière s'appelle la Vie, tout simplement: il s'agit juste de regarder les mécanismes,
de les comparer au vivant,
et tout s'éclaire.
Ce qui paraissait incompréhensible devient évident, ce qui paraissait complexe devient facile… Nous verrons que l'économie "libérale" est fondamentalement une économie de Mort et qu'elle entraîne irrémédiablement le monde à sa perte. Elle a mis en place des mécanismes hautement pervers: pour continuer à exister, comme un monstre qui a pris une vie autonome, elle nous plonge de plus en plus dans des mécanismes absurdes*. Nous comprendrons pourquoi il serait très simple en réalité de transformer notre économie simplement en changeant 2 ou 3 principes de base qui sous-tendent la gestion de notre système.
Des économistes diplômés, des financiers, tenants du système, du haut de leurs longues études et de leurs dossiers remplis de suites de chiffres compliquées ou manipulées, tenteront certainement d'opposer des arguments contraires, brandissant des détails… Ce ne sont pas les détails qui comptent et qui focalisent si commodément l’attention, mais la vue d’ensemble, la situation de tous les laissés pour compte... D’ailleurs, s’ils étaient réellement compétents, ces économistes de la pensée dominante, le monde serait-il dans un tel état?
Pour moi, très clairement,
ou l'économie est simple et compréhensible pour tous,
ou c'est un attrape-nigaud,
juste chargé de maintenir le monde en soumission.
C’est pour cela que vous trouverez peu de chiffres: c’est intentionnel. Les chiffres sont utilisés depuis 300 ans pour brouiller les esprits: avec des chiffres, ceux qui ont le pouvoir font croire n’importe quoi, et le quidam ordinaire se sent facilement dépassé, impuissant… Les chiffres nous éloignent de la réalité.
Par contre dès que l’on aborde le SENS des choses, dès que l’on revient au CONCRET, au VISIBLE
- A-t-on assez à manger ?
- Ya-t-il assez de professeurs ?
- Nos enfants de deux trois ans sont-ils heureux dans des classes avec trente élèves
- Les hôpitaux sont-ils assez nombreux ?
- Peut-on bâtir des villes agréables à vivre ?
- Peut-on aller à l’école ?
- Pourrais-je nourrir mon enfant demain ?
- Nos arrières petits enfants pourront-ils encore contempler un éléphant ?
- Puis-je me soigner ? etc.
...on peut voir tout de suite si les mesures prises sont pro ou anti-vie.
Cela faisait plusieurs années qu’une vision anthropocentrique et vitaliste de l'économie me hantait. J'avais écrit quelques chapitres. Je savais déjà que le système bancaire était devenu un véritable cancer pour l'humanité. Mais je n'avais pas de mot pour définir cette vision.
Je venais de lire un livre passionnant : "La Vie au centre, pour une culture biocentrique" de Bruno Ribant ("Mettre la vie au centre de nos vies" Bruno Ribant, Editions Alphée) et cette idée de "Vie au centre" ne m'a plus quittée. Le lendemain matin je me suis réveillée avec ce mot dans la tête : "bioéconomie". Bien sûr.
C'était évident.
Une économie de vie, pour remplacer notre économie de mort.
J'ai donc commencé mon ouvrage. Curieuse, j'ai cherché si d'autres avant moi avaient employé ce mot simple et si parlant. Je suis tombé sur la Bioéconomie de Nicholas Georgescu-Roegen, que je ne connaissais pas à l'époque. Un peu déçue, je n’osais lui emprunter son mot, puisqu'il était le sien. J'allais utiliser les mots de "biosocioéconomie", "bioéconomie organique", "bioéconomie vitaliste", "économie biocentrique" ou quelque chose dans ce genre. Puis, en y regardant de + près, j'y ai vu tant d’affinités dans l'esprit que je me suis décidée à l'employer quand même. Bien sûr, Georgescu-Roegen utilise le champ de la thermodynamique pour asseoir son propos, science qui m’est peu familière, tandis que j'utilise des notions issues de la biologie. Mais je crois que ma vision est pleinement en accord avec son œuvre, fille cachée et naturelle en quelque sorte. Il a pris la Terre comme système global, je prends l'humanité, mais c'est toujours une échelle du Vivant...
L'œuvre de cet homme est majeure. J'ai été d'autre part très surprise de voir l'impact de ses écrits, et comment, sans que je le sache, il avait influencé mon mode de compréhension : c'est à lui notamment que je dois l’idée de "décroissance", même si cette notion m'est venue par d'autres voies.
Je suis sûre que ce grand homme ne serait pas fâché de ma demande de filiation.
Il vous est donc proposé un regard particulier, une vision différente et novatrice des choses :
Il n'y a plus d'échappatoire possible, tout prend du sens.
À la lumière de cette nouvelle perspective, nous pouvons voir en quelques coups d'œil combien notre économie actuelle est imbécile, inadaptée, contre-productive et criminelle… Et combien il serait facile, en suivant des principes biorespectueux, d'avoir un système sain et une société qui prendrait enfin soin de tous ses membres. Le challenge n'est pas idéologique: il en va tout simplement de la survie de notre espèce, de la survie globale de l’oasis de vie qu’est la Terre.
Devant la situation d’urgence du monde, devant la terrible condition humaine, animale, végétale, il est de la plus haute urgence de mettre en place une gestion économique qui ne soit plus biocide mais biophile et biogénique, qui respecte, protège et génère la vie au lieu de la détruire. C'est le but de la bioéconomie.
Pour mettre la Vie au centre de l'économie, il suffit juste de prendre modèle sur le Vivant. Et de suivre ce modèle…
donner un peu de joie aux enfants de la Terre,
qu’ils soient humains ou non.
Marie Martin-Pécheux