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L'évangile de Marie
commentaire
15 "Veillez à ce que personne ne vous égare
16 en disant:
17 "Le voici,
18 Le voilà.
19 Car c'est à l'intérieur de vous
20 qu'est le Fils de l'Homme;
21 allez à Lui:
22 ceux qui Le cherchent Le trouvent."
Aujourd'hui comme au temps de Yeshoua, les messies ne manquent pas; leurs promesses se vendent bien et ceux qui sont prêts à tout quitter pour les suivre pullulent. La désillusion parfois est grande, et la souffrance qui s'ensuit, la mort parfois.
L'avertissement de l'Enseigneur est toujours d'actualité:
"Veillez à ce que personne ne vous égare
en disant:
Le voici,
Le voilà..."
"Le voici, le voilà" ou "la voici, la voilà", qu'il s'agisse d'un homme ou d'une femme, il s'agit toujours de la personne qui peut nous décharger de notre fardeau, résoudre nos problèmes, guérir nos blessures, panser nos plaies et penser nos pensées...
Bien sûr, il y a aussi les nombreuses apparitions de la Vierge, "la voici, la voilà", et les foules accourent. Le féminin refoulé de nos sociétés ne peut pas s'empêcher d'apparaître dans les milieux et les époques où on le refoule le +.
Les messages de ces apparitions sont d'ailleurs clairs: ne pas s'y attacher, mais se convertir, "revenir à soi-même", que ce soit par le jeûne ou la prière, retrouver le goût de l'être plutôt que celui du faire et de l'avoir, conduisant aux impasses que décrivent parfois, avec les mêmes images, les discours des scientifiques. Retrouver l'art du don et de l'échange plutôt que celui de la production et de l'exploitation car, après tout, nous ne sommes pas sur terre pour manipuler des objets, mais pour vivre les rencontres. Nous avons trop peu de temps à vivre pour nous exploiter. Il y a mieux à faire, nous avons tout juste le temps de nous aimer.
Et cela nul ne peut le faire à notre place, nous avons beau chercher au-dehors celui ou celle qui nous délivrera "du fardeau de notre liberté", aller ici ou là, si le message est authentique il nous renverra à nous-mêmes:
"C'est à l'intérieur de vous [entos humon]
Qu'est le Fils de l'homme..."
Il est intéressant de noter que l'Enseignement des Evangiles, celui des apparitions et l'Evangile de Marie s'accordent sur ce point. Tant que notre paix dépend d'une réalité extérieure, ce n'est pas la Paix; tant que notre compréhension de l'homme et du monde dépend d'une doctrine extérieure, ce n'est pas la Connaissance; tant que notre amour des hommes et du monde dépend de leurs affections et de leurs attitudes à notre égard, ce n'est pas l'Amour. Tant que notre vie dépend des circonstances et des contingences matérielles qui nous constituent, ce n'est pas la Vie, c'est encore notre "homme extérieur" qui, chaque jour, s'en va en ruine, c'est encore cet univers qui obéit aux lois de l'entropie et qui, de jour en jour, se dégrade.
A l'intérieur de nous, il est une Réalité, une Vie, une Connaissance, un Amour, une Paix non dépendante: un Fils de l'Homme, une Réalité née de l'humain et qui n'est pas seulement humaine, seulement mortelle, un Fils de l'Homme qui est aussi un Fils de Dieu.
Cette Réalité, nous la sommes, et nous avons à la devenir.
Le vendredi 29 octobre 1943, une voix enseignait à Gitta Mallasz et à ses amis:
"Le monde créé, et le monde créateur,
Entre les deux: l'Abîme.
Comprends bien!
Toi-même, tu es le pont.
Tu ne peux pas désirer le rayonnement créateur
lorsque tu es le pont en toi-même -cela t'est donné*."
*Dialogue avec l'ange, Aubier
A propos de ce Fils de l'Homme que nous sommes et que nous avons à devenir, il n'est pas inutile de reproduire ici ce petit dessin que fit un jour Gitta Mallasz, à main levée, pour son ami Patrice Van Eersel. Il situe bien le lieu de l'homme et, si le mot n'était pas si laid et lourd de prétentions scientifiques, du théanthrope (de théos, "Dieu" et anthropos, "homme"), sa place centrale au coeur de l'univers, le pont qu'il a sans cesse à être et à devenir entre l'homme et Dieu.
"N'oubliez pas que vous êtes tous des souverains pontifes" (de pontifex: "pont"), disait déjà Dante.
Au centre, en pointillé, l'Humain encore inaccompli; "l'accomplissement de l'homme, transformant ce pointillé en ligne continue, métamorphose soudain l'ensemble cosmique en une seule gigantesque et inconcevable conscience universelle", ajoute non sans quelque gourmande jubilation Patrice Van Eersel (La Source blanche).
A ce schéma, tout en le respectant, j'ajouterai, dans le schéma suivant, quelques lignes et j'emploierai d'autres termes, mais le fond du message semble bien exact, mieux: utile à la compéhension de ce que peut être en nous la naissance du véritable Humain, ou du Divino-humain pour parler comme Soloviev (Leçons sur la théandricité).
YHWH | ||
Grâce | "Je Suis" EGO SUM | Féconde Vacuité |
Pure lumière | Présence | |
Archange | ||
HOMME CELESTE | Ange | MONDE CREATEUR |
Fils du ciel | (nous) | Fils de Dieu |
↑ | Masculin | ↑ |
le silence la contemplation le chant | l'immobilité l'assise | |
l'imprévisible paradoxal | ANTHROPOS | l'évidence paradoxal |
la musique le dessin | le geste lent la danse la parole | |
↓ | Féminin | ↓ |
Fils de la terre | (psyché) | Fils de l'homme |
HOMME TERRESTRE | Animal | MONDE CREE |
Végétal | ||
Matière | | |
Absurde | Stérile vacuité | Absence |
NON SUM "Je ne suis pas" |
L'homme est un pont, nous le savons. Il doit faire le lien entre les 2 rives du monde créé et du monde créateur, Fils du ciel et de la terre, Fils de l'homme et Fils de Dieu. Dans les spéculations gnostiques, + que de l'Anthropos, on parlera de l'Androgyne, Union des 2 principes, masculin et féminin, terrestre et céleste. Avec l'Evangile de Marie, nous préférerons désormais le terme d'Anthropos.
Ce schéma peut aussi nous faire penser à un cerveau avec ses 2 hémisphères et leurs facultés opposées/complémentaires; le corpus callosum qui unit nos 2 cerveaux serait le propre de l'humain, sa grandeur et sa fragilité, car l'union paisible de ces 2 hémisphères, orientale et occidentale, logique et intuitive, diurne et nocturne... n'est pas toujours "Accomplie".
Notons brièvement que le pont entre l'ange et l'animal se fait en nous par la parole, parole pensée ou imaginée, exprimée ou non exprimée. Le lien ici, c'est le verbe ou encore l'expression du désir, au-delà du besoin et de la demande...
Le pont entre l'archange et le végétal dans l'homme se fait au coeur du "geste lent" souple et saturé de conscience.
Le pont entre la pure lumière et la matière se fait dans l'homme à travers le silence et l'assise, où notre humanité touche à sa + haute transparence.
Le pont entre "Je Suis" et "je ne suis pas" ou encore entre la féconde Vacuité, Origine incréée de tous les êtres et la stérile Vacuité que Berdiaev appelle "le mauvais néant" est une expérience aussi prévisible et imprévisible que la venue d'un arc-en-ciel un midi d'orage; c'est vivre dans un même instant l'Absurdité et la Grâce de la condition humaine.
La question, ce n'est plus: "être ou ne pas être?" - question la + déchirante et la + stupide qui soit. C'est "être et ne pas être"; évidence, la + jubilante et la + quantique qui soit.
Evidemment la description, l'analyse et surtout la construction de ces différents ponts qui pourraient faire de l'homme un être pleinement humain et pleinement divin à "l'Image et à la ressemblance" de celui que les anciens appellent "l'Archétype de la synthèse" demanderaient de + amples développements.
Pour le moment, il s'agit "d'aller à Lui" (Ev Mr, 8,21). De vérifier chacune de ses informations et de devenir ce qu'Il est, pour découvrir ce que de toute éternité nous sommes.
"Ceux qui Le cherchent
Le trouvent" (Ev, Mr, 8,22).
Inutile, bien sûr, de rappeler:
"Tu ne me chercherais pas si tu ne m'avais pas déjà trouvé."
Il est Lui-même ce Désir qui nous fait Le chercher, le pointillé dont nous avons à tracer la ligne, pour nous émerveiller de Son/notre Visage.
Evangile copte du IIè s.
(Maria Magdalena) traduit et commenté
par J.-Y. Leloup
...à suivre
proposé par mamadomi