illustrations de Tertia du Toit
Peut-il y avoir
confusion entre le lien de la présence et de la représentation?
Sur ce point, l'éthologie donne la parole aux biologistes, aux psychologues et aux sociologues. Mais ce rapprochement n'est pas un oecuménisme! C'est une méthode d'observation qui permet de distinguer la trace et le souvenir. Avant la parole, la perception laisse dans le cerveau une trace cérébrale que l'imagerie médicale permet de rendre observable. Par ex, les quelques scanners que nous avons faits aux enfants roumains placés en isolement affectif presque total montraient tous une atrophie du rhinencéphale, comme un sillon en creux. Mais après un an dans les familles d'accueil, l'atrophie avait disparu. Toute une partie du cerveau est en effet façonnée par les stimulations affectives.
Avant la parole, on parle donc de trace laissée par la perception dans le cerveau du bébé, informé par une personne extérieure, en bien ou en mal. Entre le 20ème et le 30ème mois, l'enfant possède de nouveaux outils, car il passe d'un vocabulaire de 300 mots à 3000: à ce stade-ci, c'est le souvenir par la parole qui va constituer son existence narrative. Ses émotions se forment aussi par les représentations qu'il se fait de ses parents. Mais, encore une fois, les enfants qui ont été privés d'affection ont du mal, + tard, à maîtriser leurs émotions, ce qui, je le répète, n'est jamais irrémédiable.
Je pense donc que les 2 rapports à autrui, perception et représentation, sont intimement associés, mais fonctionnent à 2 étages différents de l'appareil psychique.
à suivre...
Boris Cyrulnik,
extrait linéaire de "sous le signe du lien"
Tertia du Toit
proposé par mamadomi
rééd° du 30 12 2013